Résidence d’artiste La Maison des Passages et la Cie « la parole de « Tout’l’monde dehors » de Mars 2011 à Juillet 2012 sur le quartier Langlet Santy (lyon 8ème)
« L’amour des voiles pour le vent du large » 2011 Spectacle avec les habitants du quartier Paul Santy Lyon 8ème
Mise en scène : Florence Meier Photographies : Karim Kal et des habitants du quartier Musique : Mag Mooken et la chorale de la résidence M. Caille Jeu : Enfants et Adultes habitants du quartier, et les personnes âgées de la Résidence M. Caille
Les partenaires : Le Centre social Langlet-Santy, l’école Jean Giono, la médiathèque du Bachut (Bibliobus), la résidence Madeleine Caille, le Jardin Pré-Santy. La Maison des Passages est une association qui développe des pratiques artistiques dont l’objectif est de permettre la rencontre entre des artistes et des habitants dans une relation d’égalité, de partage des savoirs et de création commune.
« Demain en lieu et place de ce temps de loup chacun pourra être roi de ses racines chacun régnera au soleil de ses neurones tous ensemble sur la terre on mettra l’existence et ses folies enfin à l’endroit » René Depestre
Le 24 juin Place Général André dès 17h enfants,jeunes et adultes, sont venues discuter et assister à la dernière répétition. A 20h plus de 120 personnes étaient présentes pour un spectacle de poésie urbaine. Sur scène : enfants, ados, adultes et seniors du quartier pour un mélange poétique : du chant traditionnel français (la chorale de la Résidence), du Rap écrit par les enfants, de poésies de René Depestre, à d’autres auteurs contemporains…à la musique de Mag Mooken.
« Mon espérance est de bois comme la maison Que j’ai bâtie avec l’humble pierre des chemins Mon grand souci est de les charger sur mon dos Quand on ne veut plus d’elles en quelques pays »
« Je t’aime de la tête au pieds De l’amour du cœur pour la sève qui le tient en fleur De l’amour des voiles pour le vent Du large »
« Mon passé est descendu de l’arbre où il dormait Mon passé a envie de crier mais sa langue a les ailes coupées. » René Depestre.
RAP des ados du quartier « 69 c’est ma ville c’est pas difficile 69 c’est ma ptite île moi ma téci c’est la vie 69 on te fini où j’écris et je vis j’ai grandi dans la misère sur cette terre trop vulgaire avec tous ces militaires qui nous bloquent nos frontières … »
« Un inconnu sur sa guitare Dans une rue pleine de brouillard Chantait, chantait une chanson Que répétaient deux autres compagnons Marjolaine, toi si jolie Marjolaine, le printemps fleurit Marjolaine, j’étais soldat Mais aujourd’hui Je reviens près de toi … » Chorale de la Résidence M. Caille
Genèse Le quartier Langlet-Santy est recensé comme un quartier sensible, une « zone urbaine sensible » dit « quartier en difficulté ». Petite cité de 3000 habitants au cœur du 8ème arrondissement de Lyon entre Mermoz et les Etats-unis. La Maison des Passages, dans le cadre du CUCS 2011(Politique de la Ville), propose à la Cie un projet intitulé: « Identité, mémoire et citoyenneté », qui a pour objectif essentiel un travail avec les habitants du quartier Langlet-Santy sur la question des identités et des mémoires.
Une résidence d’artiste ? « La création, tout comme la chose vivante, n’est pas un pouvoir : c’est une puissance faites de doutes, de tremblements, de fragilités et de toutes ces inutilités que le capitalisme financier ignore. La création est libre d’emblée, et elle chemine et elle désire, dans cette puissance. » Patrick Chamoiseau
La Cie « La parole de » est donc partie en voyage à la découverte du quartier Langlet Santy et de ses habitants avec dans sa valise des poèmes : ceux de René Depestre et nos questions : celles sur nos idéntités multiples ? Nous avons mise en place des ateliers de pratiques artistiques (Théâtre, poésie, ecriture…) pour les enfants, les adultes et seniors…espace et temps d’échanges, et de partages. L’aboutissement fut la construction d’ un spectacle représenté en plein air sur la place gnle André avec les habitants du quartier à partir de poésies (celles du poète Haïtien René Depestres, celles que les habitants connaissaient ou celles qu’ils ont écrites) et de textes écrits par les enfants.
« L’état poétique est le seul promontoire connu d’où par n’importe quel temps du jour ou de la nuit l’on découvre à l’oeil nu le côté nord de la tendresse. C’est aussi le seul état de la vie qui permet de marcher pieds nus sur des kilomètres de braises et de tessons ou de traverser à dos de requin un bras de mer et de furie » René Depestres invité d’honneur de l’édition 2011 du Printemps des Poètes
« Petite Soirée de Santy » Mai 2011
Lectures de poésies avec les habitants et les participants aux ateliers poésies autour du poète haïtien René Depestre.
La démarche artistique
Pourquoi la poésie ? pourquoi René Depestre ?
La poésie nous parle de l’intime pour aborder l’universel, elle part du particulier pour nous relier au commun de nos vies humaines. Car les émotions n’ont pas de patrie. La poésie permet de se dire à travers les mots des poètes, chemin vers soi, comme vers l’autre. Elle permet de s’ouvrir à d’autres langues, à d’autres manières d’être, d’autres sensibilités…La pratique artistique théâtrale et poétique est le lieu et le temps où s’expérimente notre capacité à nous démarquer des identités qu’on nous assigne, où s’expérimente notre capacité à rêver, comme à partager nos questionnements et nos sensibilités afin de créer une oeuvre collective et commune.
René Depestre est un poète contemporain haïtien. Dans ses poèmes il nous parle de l’ exil, de l’amour et du désespoir, il partage par le biais de l’écriture poétique ses métissages, ses révoltes, son désir de faire une richesse et une force de ses racines multiples.. C’est un poète de la liberté, et de la créolisation du monde…
« Il faut aller sans fin au bout du jour et de la nuit, se forcer à être absolument sincère envers soi même et les autres, dire la vérité à n’importe quel prix, s’ajouter son experience des luttes sociales, des relations familiales, de l’amour, de la souffrance humaine, de toutes les zones éclairées ou obscures de la vie collective et personnelle, c’est ça pour moi l’engagement à tous crins dans la beauté et le tragique qui conditionnent à chaque instant notre présence au monde. » René Depestre
« A vrai dire, les vers ne sont qu’une des multiples expressions possibles de la poésie. Celle-ci est ou peut se trouver partout. Dans un roman comme dans un tableau, dans un paysage comme dans les êtres eux-mêmes, se manifeste parfois je ne sais quelle puissance de rêve, parfois encore une pénétration singulière, une sorte de plongée dans les profondeurs, provoquant chez le lecteur ou le spectateur une joie mélancolique, une tristesse complaisante ou désespérée, ou encore une jubilation soudaine, qui sont quelques-uns des effets de la beauté poétique. Tous les hommes, ou presque, y sont sensibles. Tous les sujets, ou presque, s’y prêtent. Il y a la poésie du soleil et celle de la brume, la poésie de la découverte et celle de l’habitude, de l’espoir et du regret, de la mort et de la vie, du bonheur et du malheur. Pour l’exprimer, prose ou vers, pierre ou peinture importent peu. Mais où elle manque totalement, que reste-t-il ? » Georges POMPIDOU (Introduction Anthologie de la poésie française -1961)